Le Toutou de Paris

En décembre 2016, la peintre fabuliste Dominique Beauregard, qui consacre une importante partie de son travail d’artiste à valoriser la vie et l’œuvre du curé Labelle, recevait un courriel inattendu de son personnage fétiche. Plus exactement, d’Antoine Bertrand, le comédien qui incarne le célèbre curé dans la série Les pays d’en haut.

«Bonjour Dominique. D’abord, je tiens à vous féliciter pour vos magnifiques toiles qui, en plus d’être belles, nous aident à nous rappeler qui nous sommes. Mes beaux parents sont allés voir les Stations du curé Labelle, puisque leur gendre l’incarne à la télé. Ils ont ADORÉ l’expo et ont été renversés par la beauté de vos œuvres. Je suis donc allé voir sur le site et j’ai eu un coup de cœur pour le Toutou de Paris Et pour d’autres aussi. Bref, j’aimerais en acheter une. Parce que je les trouve belles et parce que j’ai tant de plaisir à jouer mon gros curé que j’aimerais bien garder un souvenir de lui. Merci à l’avance et encore bravo.»

Vu l’horaire particulièrement chargé du comédien, c’est près de 6 mois plus tard, soit le 12 juin 2017 que les étoiles se sont enfin alignées afin de permettre une rencontre entre les deux artistes liés par la vie et l’œuvre du missionnaire colonisateur. C’est sur le plateau de tournage de la série Les pays d’en haut qu’ils se sont rencontrés et que le comédien Antoine Bertrand a pris livraison de sa toile Le Toutou de Paris. Mais la journée ne faisait que commencer pour l’artiste-peintre Beauregard qui fut par la suite invitée par le réalisateur a assisté au tournage de plusieurs scènes incluant le curé Labelle, Mgr Fabre, incarné par le comédien Pascal Rollin et de Séraphin, joué avec virtuosité par Vincent Leclerc. L’artiste Beauregard eut droit à un accueil VIP et fut traitée «comme une reine» sur le plateau.

Fidèle à sa réputation, Antoine Bertrand s’est révélé être un hôte attentionné, sensible et soucieux de faire plaisir à la peintre adéloise. Costumé en curé Labelle pour les besoins du tournage, le comédien, dont la silhouette ainsi vêtue rappelait de façon troublante celle du véritable curé, a multiplié les petites attentions afin de faire vivre une belle expérience à cette ambassadrice du curé Labelle. Mme Beauregard ne tarit pas d’éloge envers le comédien Antoine Bertrand : «C’est une personne tellement sympathique, sensible, attentionnée, avec beaucoup de délicatesse malgré son personnage de «gars». Il a cette façon de vous faire sentir spéciale.» Que de bons mots également pour le réalisateur Sylvain Archambault qui estime quant à lui que Mme Beauregard «possède un talent unique» et qui s’est dit honoré le la recevoir sur son plateau.

Rappelons que Dominique Beauregard, à l’occasion du 125e anniversaire du décès du curé Labelle, en 2016, a produit l’exposition Les Stations du curé Labelle, en collaboration avec la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord, la Ville de Saint-Jérôme ainsi que plusieurs autres municipalités et MRC des Laurentides. Cette exposition unique en son genre mariait l’art à l’histoire et présentait en dix tableaux la vie et l’œuvre de Labelle. Une version itinérante de l’exposition fut présentée dans plusieurs villes des Laurentides tout au long de l’année 2016.

Considérée comme une spécialiste du curé Labelle, Dominique Beauregard, par l’entremise de Pierre Grignon, détenteur des droits de l’œuvre de son parrain Claude-Henri Grignon, fut rencontré à deux reprises par François Rozon, producteur de la série Les pays d’en haut en raison de sa grande connaissance de la vie et de l’œuvre du célèbre personnage. L’auteur Gilles Desjardins a également rencontré l’artiste pour les mêmes raisons. mme Beauregard est toujours en communication avec l’auteur et partage avec lui ses connaissances sur le curé. Mme Suzie Coutu, habilleuse de la série à également fait appel aux connaissances de Mme Beauregard afin d’obtenir des détails sur l’habillement du curé Labelle.

Une journée de rencontres passionnantes pour l’artiste adéloise qui a même rencontré Séraphin qui songe à son tour à sortir «son argin» pour acquérir l’une de ses œuvres.

À PROPOS DE L’ŒUVRE Le Toutou de Paris

Peu de gens savent que le curé Labelle entreprit deux importants voyages en Europe. Encore moins sont au fait de la popularité qu’il a connue sur le Vieux Continent. Ce «gros curé de 333 livres» d’outre-Atlantique est devenu la coqueluche de plusieurs cercles huppés de la Ville Lumière. Des photos et des articles décrivant ses allées et venues noircissaient les pages des plus grands journaux européens. Sa personnalité «abondante», ses manières «rustiques» et son franc-parler amusaient ses hôtes.

Le curé Labelle était conscient de l’effet qu’il produisait, comme en témoigne cet extrait d’une correspondance rédigée en 1890 alors qu’il effectuait son deuxième voyage sur le Vieux Continent : « Je suis encombré de visites, de déjeuners, de dîners. Il faut que je parle partout et sur tout. Je vous le démontre, les Parisiens trouvent que j’ai de l’esprit et du sel gaulois habillé en normand. Tout cela m’étonne, car être le toutou de ce qu’il y a de plus distingué ici, c’est vraiment prodigieux. Ils veulent du Labelle, je leur en donne tout et plus. Je force un peu la note française, car ici la corde patriotique emporte tout.

La toile Le Toutou de Paris s’inspire de ce passage de la lettre du curé Labelle qui évoque, avec un visible enthousiasme, son statut de toutou des salons de Paris. L’expression être le toutou de quelqu’un ou de quelque chose signifie être la coqueluche, le centre d’attention, être en vogue, admiré, etc. Anecdote amusante : c’est seulement après avoir créé son personnage du curé — qui dans son œuvre prend la forme d’un ours en soutane — que l’artiste a appris l’existence de cette lettre où le curé se qualifie lui-même de «toutou».

2018-09-11T09:59:16+00:00 11 septembre 2018|